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Muse T5 - La Panthère et l'Albatros

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     Ayant échappé de justesse à la barbarie de Nerjine et de Mashkan, les habitants du mirage sont enfin saufs, transportés sur la mystérieuse Terre d’Egeria.

      Mais les espoirs d’une nouvelle vie idéale sont bien vite balayés par les doutes et les dissensions entre Fyriens et Musards, livrés à eux-mêmes sans le khan et le Conseil de Muse, et troublés par la récente et inexplicable disparition d’Altaïr. Que lui est-il arrivé ?

      Que sont devenus Meresankh, Dhagild et Esmé, perdus dans le désert du Souffle du Diable, et quelles sont leurs chances de retrouver un jour leurs amis partis au bout du monde ? 

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EXTRAIT

     Nilüfer détale comme un lièvre, poursuivie par un loup affamé de vengeance. Ils s’élancent par-dessus les racines, s’accrochent aux lianes pour survoler les obstacles, se donnent de l’élan contre les arbres, glissent dans la terre sans jamais perdre l’équilibre, animés de réflexes de chasse et de survie dignes des maîtres du règne animalier. S’ils n’avaient pas été des ennemis mortels, ils auraient été faits l’un pour l’autre.

      La polymorphe se demande si, en dépit de la haine qu’il a pour elle, Altaïr éprouve au moins un peu de plaisir à lui courir après. Pour sa part, la tueuse s’amuse comme une enfant. Mais au moment où elle s’en fait la réflexion, sans doute un peu distraite par son propre jeu, le Musard se projette d’on ne sait où pour lui atterrir sur le dos.

     Ils ne contrôlent plus le terrain, se laissant entraîner par la gravité et leurs mouvements de lutte dans un colimaçon de la nature à pente accusée, une sorte de faille rocheuse lissée par un cours d’eau temporaire, qui les mène à un niveau inférieur du plateau et de la forêt. A grande vitesse, ils roulent dans la boue, les pierres et les plantes basses, effrayant la faune qui s’éparpille devant l’avalanche de litière organique.

      Pendant toute la descente, Altaïr ne libère pas Nilüfer de son emprise, préférant de loin qu'un rocher lui fende le visage en deux que de laisser cette sorcière lui échapper. Dans l’ordre de ses priorités : la buter, sauver ses propres miches, vérifier qu’il l’a bien butée. Il aurait pu utiliser la magie des morts, c’est vrai, cela aurait été bien moins douloureux physiquement que cette dégringolade de tous les diables, mais trop rapide à son goût : il veut la voir crever de ses mains. Il en a besoin.

     Lorsque enfin leur chute se termine en douceur, ils ne perdent pas de temps à reprendre leurs esprits et s’assènent, à même le sol, une pluie de coups extrêmement violents qui assommeraient – voire tueraient – n’importe qui. Ils sont perclus de douleurs, d’écorchures et d’hématomes, mais ne les sentent pas. Aussi forts l’un que l’autre, ils sont comme des bêtes sauvages. L’ayant renversé sur le dos, elle se place à califourchon sur lui pour le bloquer, mais il profite d’une ouverture pour lui donner un coup à la trachée. Profitant de son malaise, il retourne la situation, l’entraîne à rouler dans les feuilles mortes et plaque contre terre celle qui a osé lui enlever sa femme et son enfant. Il attrape son cou à deux mains et l’étrangle, sa force décuplée par la rage.

      Sur le point de commencer à s’inquiéter pour sa vie, Nilüfer cherche vivement l’objet de son salut. Lorsque ses doigts, fouillant la terre humide autour d’elle, agrippent une pierre plus lourde que les autres, elle s’en empare et l’abat contre le crâne d’Altaïr. Le Musard s’écroule sur elle, sans connaissance.     Reprenant son souffle, l’Oyyanide reste un moment immobile, se demandant à quel point elle l’a frappé fort. Encore tremblante d’excitation, sa main s’aventure contre la tête de son adversaire. Un peu au-dessus de son oreille droite, dans ses cheveux, elle sent la texture du sang. Elle ne l’a pas loupé, mais il est toujours vivant.

     — C’était le pied, beau gosse, faudra qu’on recommence, articule-t-elle d’une voix rauque à cause du coup à la trachée.

     Un léger sourire aux lèvres, étreignant le guerrier étalé sur son corps, elle exhale un soupir de satisfaction lubrique. Les galipettes dans les bois, y’a pas à dire, ça défoule.

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